Au bord de l'étang

Au bord de l'étang, nichée entre deux verdoyantes collines,une fermette nous attend. Voilà bientôt six siècles que ses pierres respirent le vent.J'aimerais tant être de celles qui glissent dans son fournil de délicieuses miches, elles doreront pour vous, mon tendre ami.
J'aimerais être celle qui puise l'eau,je ne connais rien de plus beau, que de parcourir votre dos, au bout d'un gant parfumé, douce ablution que mes mots,sur le bout de ma langue,caresses à fleur de peau, à fleur d'été.
Que votre douleur sommeille, j'aimerais tant vous voir sourire à mon réveil.
Mon ami, mon tendre ami, puissent les bleuets et les blés vous conter leurs doux secrets.
Dans quelques jours je m'en irai, j'irai par la grande route, ce sera l'échappée belle,je suivrai les lignes de la voûte, ogives heureuses au creux de nos mains.
Au bord de l'étang, de loin,on dirait un temple, endormi entre deux colonnes de granit, la vigne vierge épouse ses courbes, le pénitent repose enfin, ivre de sa foi en rien.
Une fermette dort loin des bruits des villes et des fumées, dans une région désertique, peuplée de bois et de marais. Une glycine nous rappelle que le rose existe encore, timidement elle court jusqu'au seuil de notre chambre, et poinçonne nos murs chaulés de vie. J'entends le coq du voisin. Nous empruntons un nouveau chemin.

Confessions d'une âme sereine, après tant d'années d'errance.

Illustration,

un très joli dessin emprunté au talent de Rodes.