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Captures de mots au jardin de Chrissette.
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15 mai 2023

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cerisier_fleurs_jardinage

 

Je suis le vent, je pense et j'avance comme le sable, je glisse imperturbable sur les pentes du temps.Je me vide à chaque instant,je roule sur moi-même, j'ai la flemme des pourquoi, d'ailleurs, quand j'arrive au bout, il n'y a rien, pas un caillou,pas de trois points,pas même un poing qui ne m'enferme, pas une main qui me retienne, je file entre les doigts.
Avec mes allures de poussière, je fais fuir les humains, je suis le compagnon de l'éphémère, des vies sans eau et au sang froid.C'est tant mieux si on ne m'aime pas.
Le soir venu j'offre un lit aux rampants de cette terre, je recueille leur souffle comme un baiser à deux, à deux pas de la mer, je leur ouvre ma chair, pour qu'ils logent heureux pour une nuit ou deux.
Je retiens leur humeur, les sursauts de rires, et leur pouvoir fragile. L'empreinte de leur peur disparait doucement sous les caresses abrasives de mes mes grains d'or et de nacre. Pierres et rochers retrouvent le temps d'un rien, le souvenir palpable de deux corps soudés aux leurs, dans un rêve de fusion au coeur du mien.Et puis l'eau revient.

Je suis l'aiguille qui danse sur le cadran. Je suis cette petite fille qui tourne en rond, en s'ennuyant.Cela fait des années que j' espère enfermer le temps. J' agrippe les queues des singes dans les manèges pour rester encore, à la maison, tout le monde s'agite,tout le monde s'irrite, tout le monde m'attend.Ma mère inquiète à sa fenêtre crochète la vie,tricote l'oubli, un pull d'hiver pour ma grande soeur,un chandail en coton clair pour moi,des mailles en l'air, des jours, de très grands jours qui laissent passer mes peurs et mes pourquois.
Les voisins me guettent, mais je ne rentre pas.
Et voilà leurs pleurs qui mouillent les journaux.Dans le café d'en-bas, on raconte,qu'une petite fille s'est noyée hier, pour avoir essayé de repêcher sa montre, tombée au fond de la rivière. Un souvenir perdu de sa grand-mère. Et puis le vent, ce maudit vent, et tout a basculé.

Au fond de l'eau dorment enlacés le sable et le cadran, une paire de joues comme d'une poupée, au creux d'un lit, tous prisonniers, comme c'est étonnant.

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  • Bienvenue chez Chrissette, au jardin de ma vie. Je sème des graines de bonheur en devenir de mots, récolte pétales du destin, fruits du hasard, que vos yeux, cher lecteur, arroseront de votre plus beau sourire.
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