Poésie, quand tu nous riens!

Je suis venue à la poésie par mes études littéraires. Etant d'origine allemande, j'avais tout à apprendre dans la langue française. L'expression ne m'a pas été facile au début. Je n'arrivais pas à exprimer mes ressentis. J'ai porté longtemps un regard muet sur les choses. Très ouverte sur bien des domaines différents. Mais peu à peu le silence tel un ferment a bonifié le tout. J'ai crée des marionnettes, joué plus que parlé...essayé de montrer le sens caché des mots qui étaient les miens. Je lisais les mots des autres à haute voix, je guettais l'écho. L'écriture a révélé bien plus tard ce trop plein qui dormait au fond de moi. Les images qui se prêtent à ce cheminement sont nombreuses. Mais le mot lumière est le plus adapté. J'avançais dans ce puits. Quel bonheur de me sentir soudain exploratrice...reporter, journaliste...alchimiste, j'étais tout à la fois. Explorer les multiples facettes du présent, un bonheur nouveau et inégalé. J'ai toujours cueilli les moments.
La prose tel un fleuve qui charrie bois flottés s'écoulait et inondait mes pages. Puis je me suis fixée des objectifs, des formes exotiques, des descriptions de carnets de voyage, je pus sentir enfin la liberté! Quel bonheur de faire revivre ce qui n'est plus!
Mais très paradoxalement, c'est ma dernière découverte, celle de la forme classique du sonnet et des alexandrins qui s'offrit à moi comme un véritable défi! C'est elle qui rejoignit au plus près mon goût pour la mise en scène et le théâtre. J'habillai désormais les mots de jolis costumes aux couleurs métaphore, et les fis rimer comme on se prend par la main par amitié ou pour danser. Ma poésie revêtit tous les attraits du plus beau bals, et m'offrit l'image, la plus belle des images, la fillette que je suis restée.
Le plus difficile en poésie c'est le détachement, créer l'environnement à la fois connu et vierge, afin que le lecteur puisse s'y fondre.Je partage avec vous la noblesse de cet art. Orpheline des lettres, la poésie vit en chacun de nous. Mais son expression reste laborieuse. Elle nous rend modeste.

Christiane Kuhk

12 janvier 2010

Comments

[TJ]

Je n'ai pas suivi d'études littéraires mais j'ai pris plaisir à lire tes lignes.