La valse des choses
Le souffle d'un vieil accordéon s'éteint, sa carcasse repose désormais dans un autre salon. La valse peut reprendre. Les talons claquent sur le parquet...Bas résillés et jupes virent dans le vent de l'été...
Demain nous irons pique-niquer au bord de l'étang et chanter la vie rêvée des grillons.
La couturière pleure sa machine désossée, les uniformes éclairent le ciel de leur médaillons de métal...Elle a servi, j'entends encore la pédale battre comme le sang contre les tempes des hommes au combat, et la courroie entraîner leurs soupirs siffler jusqu'au sommet des nuages...Les artifices tombent en pluie au coeur des draps de lin.
Le lit Napoléon geint sous la force de la masse,là où jadis mon père chuchotait des airs de poupée de lune in love. « Der Wind hat mir ein Lied erzählt... » Sans ma mère cette nuit-là, caché dans la haie de buis, à l'abri des regards..Elle seule a su voir...Le voir!
Un passant sourit à l'idée de plonger sa nuit dans les contes extraordinaires d'un autre siècle.
Au bout d'un crochet tinte un arrosoir en laiton, il versera de l'eau précieuse sur les chrysanthèmes et les bruyères.
Comment peut-on jeter des choses aussi belles...Me dit une femme étonnée...Elle tente de rassembler les morceaux d'une table demi-lune pour les recoller. Les choses en soi n'ont plus de valeur ou plus exactement ce qui compte vraiment c'est ce qu'on a en soi qui est irremplaçable...Je n'ai cessé de croire que le plus beau est ce qui ne se voit pas...Le dépouillement en soi.
Le vide est merveilleux!
Chrissette
Juin 2008