Au bord du lac (octosyllabe)
Au bord du lac (octosyllabe)
Je cheminais sous les sapins,
Par une nuit profonde et claire,
Connaissant tout, ne cherchant rien,
Mais convaincu d’un grand mystère.
Et les aiguilles, sous les pas,
Mêlées de cônes vagabonds,
Me révéraient en doux fracas
Et d’une fraîche exhalaison.
C’était mon rêve, c’était moi
Les eaux du lac qui dormaient
Et ces grands troncs rugueux et droits
Taisant un monde de secrets.
Sur les galets, se reflétait
Une paisible lune grise
Que quelques souches dévoilaient
Sous leurs dentelles imprécises.
Les flots obscurs, les flots lointains,
Portaient à l’orée de ma vie
Quelques rengaines de marins
Qui s’éteignaient au clapotis.
J’étais unique, j’étais grand,
Seul initié de la lumière,
Un petit coeur dans un géant,
Une émergence de la terre.
C’était là-bas, dans la mémoire,
Où ne subsiste qu’un îlot
Perdu aux nappes du brouillard
Mais où accoste mon bateau
Quand de sauvages ouragans,
Gonflant les voiles du dépit,
Poussent au large mon chaland
Au gré de vagues nostalgies.
RODES